Les filières de passage et l’arrivée des réfugiés en Suisse
Les réfugiés arrivent clandestinement à THONON pour passer en Suisse suivant 3 possibilités :
1. Une aventure individuelle :
le réfugié organise par lui-même son voyage à travers la FRANCE et se charge sur place de trouver un passeur.
Le cas le plus célèbre est celui de Pierre MENDES FRANCE .
2. L’aide d’une filière de sauvetage :
Il y a plusieurs réseaux clandestins avec une organisation structurée de part et d’autre de la frontière. La C.I.M.A.D.E. (Comité Inter Mouvement Auprès des Evacués) est le plus connu, créé à l’initiative de protestants français, opérationnel dès l’été 1942
Les réfugiés, encadrés par des militants généreux, utilisant des pêcheurs-passeurs fiables, rétribués de 3.000 à 5.000 Francs par personne, soit le prix estimé pour les risques énormes encourus par les pêcheurs : l’arrestation, la prison, de fortes amendes et la perte de leur embarcation, c’est- à-dire de leur instrument de travail.
3. Les passages par l’intermédiaire de réseaux lucratifs :
Ces « entreprises » à but lucratif exploitent la détresse des réfugiés et peuvent exiger des prix exorbitants jusqu’à plus de 10.000 Francs par personne.
Toutefois, le prix des passages était le plus souvent négocié en fonction des possibilités des réfugiés, des passeurs résistants généreux ne demandant même pas à être payés.
Correspondance : 3.000 Francs 1942 =
3 salaires minimum masculin = 4 salaires minimum féminin
L’accueil des réfugiés à leur débarquement sur la côte suisse
Dans certains cas, ce sont des pêcheurs professionnels suisses, amis de leurs confrères français qui accueillaient les réfugiés.
Dans d’autres cas, ce sont des amis ou des parents qui réceptionnaient les fugitifs.
Dans la plupart des cas, les réfugiés étaient interceptés par les douaniers ou les gendarmes, ou devaient se débrouiller pour gagner le cœur de la Suisse et s’annoncer.
Dans tous les cas, les fugitifs avaient l’obligation de s’annoncer dans les 48 heures aux autorités suisses, sous peine d’être sinon refoulés.
L’ arrivée en Suisse
Arrivé en Suisse sain et sauf, si le gouvernement lui accorde l’asile pour le temps de la guerre (et ne le refoule pas), le réfugié juif est obligatoirement placé dans un camp d’accueil, puis de quarantaine, puis de travail. Il y côtoie, entre autres, des résistants français internés.
Pour en sortir, il doit justifier de la possession de biens financiers lui permettant une réelle autonomie ou être accueilli par des parents ou amis qui s’engagent à assumer toutes les dépenses inhérentes à sa vie quotidienne. Certains réfugiés fragiles (femmes, seniors) obtiennent des places gratuites dans des familles. Les enfants sont séparés des parents et placés dans des homes ou des familles. Scolarité et formation leur sont garanties. Les familles se retrouvent toutes les 6 semaines pour un congé en commun.
Document des archives fédérales suisses
PV d’audition de Mendel KOLLENDER

La Famille KOLLENDER passée en Suisse par les frères SERVOZ

:
Un refus d’asile implacable des autorités suisses suivi de la mort à Auschwitz
